Dimanche 13 juillet : Bal, concert populaire et feu d’artifice

Lundi 14 juillet : cérémonie officielle

Monsieur le Député,

Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les anciens maires,

Mesdames, Messieurs les représentants de la gendarmerie nationale et des sapeurs-pompiers.

Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant.

Mesdames et Messieurs, chères Passerandes, chers Passerands.

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1789 / 2025 ; sommes-nous en train de sacrifier notre liberté ?

La Révolution française et la prise de la Bastille que nous fêtons en ce 14 juillet, constituent une période fondatrice de notre histoire. Écrasé par une monarchie absolue qui ne lui laisse aucun droit, le peuple affamé se soulève. Victime d’une forte hausse des prix due à de mauvaises récoltes, la France d’alors ne supporte plus ce régime injuste. Si la majorité de la population vit à la campagne, elle travaille pour sa simple subsistance sous le poids écrasant d’impôts qui profitent à la noblesse et à ses privilèges.

En 2025, une nouvelle forme d’absolutisme est de retour. Son point commun avec l’Ancien Régime : la concentration du pouvoir économique et le recul de la liberté. En Europe comme aux États-Unis, nous assistons à une volonté de certains milliardaires de mettre leur fortune au service de valeurs réactionnaires et identitaires pour changer la société. Issus du courant libertariens, ils n’aspirent qu’à la disparition de l’Etat protecteur des citoyens, pour une supposée liberté individuelle absolue. En réalité, le moyen d’accroître surtout la puissance de leurs entreprises et leur pouvoir. Une remise en cause totale des principes des droits de l’Homme et du principe universel d’égalité qui fondent nos démocraties.

Pour asseoir leur influence, ces nouveaux oligarques majoritairement issus du capitalisme numérique, attisent le populisme avec les moyens considérables dont ils disposent à l’échelle planétaire. Leur ennemi absolu ? Le droit et les règles qui régissent nos sociétés. Pour quelle raison ? Parce ce qu’elles constituent les seuls remparts contre le pouvoir total de ces entreprises privées, dont la puissance déstabilise déjà nos démocraties. La désinformation, la manipulation d’élections, la remise en cause des données scientifiques, le

complotisme, le racisme, la négation du réchauffement climatique, autant de thèmes qu’ils tolèrent, voire exacerbent pour certains, sous couvert de liberté d’expression. En réalité, le moyen de conquérir plus de clients pour ces entreprises mondiales et de jouer un rôle politique au service de l’idéologie de leurs propriétaires à l’instar de « l’ex-meilleur ami du monde » du président américain.

L’Europe est devenue la Bête Noire de ces grands patrons de la tech. Avec le Digital Service Act (DSA), la Directive Européenne sur le Numérique adoptée en 2023, Thierry Breton, ancien Commissaire Européen au Marché Intérieur, a voulu mettre fin à une ère de non droit sur les grandes plateformes en renforçant la protection des données personnelles et des choix effectués par les internautes.

Depuis la réélection de Donald Trump, nombreux sont les patrons des géants du numérique à lui avoir prêté allégeance, préférant se ranger du côté du pouvoir dans l’espoir d’échapper aux procédures pour atteinte à la concurrence aux Etats-Unis et de trouver un allié contre les sanctions européennes. Apple vient de se voir infliger une amende 500

millions d’euros pour clause abusive dans son offre d’applications, tandis que Facebook et Instagram ont écopé 200 millions d’euros pour non-respect des règles relatives aux données personnelles.

Le discours prononcé à Munich le 14 février par J.D. Vance, a sidéré l’Europe. Alors que la guerre menée en Ukraine par la Russie était au cœur de cette conférence pour la sécurité, le nouveau vice-président américain a violemment attaqué nos démocraties européennes et nos règles de liberté publique. Lui qui avait affirmé vouloir voter pour Hillary Clinton en 2016 et qui n’avait pas de mots assez durs pour critiquer Donald Trump à l’époque, est devenu le pilier réactionnaire et populiste de la nouvelle administration américaine.

Sur la même ligne que les milliardaires de la tech libertariens, il n’a qu’un souhait : attiser l’extrême-droite européenne pour faire imploser l’Union. Cette Europe qui avec ses 450 millions d’habitants est la puissance démocratique la plus avancée au monde, un marché unique avec ses mesures de régulation et ses systèmes de protection sociale. Un territoire sans équivalent où 26 pays laissent circuler librement personnes,

biens, services et capitaux, dont 20 partagent une même monnaie, l’euro, qui nous protège. L’Europe, valeur refuge pour les capitaux américains qui affluent massivement depuis l’arrivée du Président américain, témoins de la perte de confiance qu’il provoque en raison de la versatilité de ses décisions et l’augmentation de la dette américaine.

La réélection du Président américain est en train de bouleverser le monde. Son retrait du soutien à la défense ukrainienne et la trahison vis-à-vis de ses alliés historiques de l’OTAN, ont une vertu pour nous européens. Une nouvelle preuve que nous devons prendre notre destin en main en matière de défense commune, dans la droite ligne que le Général De Gaulle avait tracée pour notre pays et Pierre Mendès-France pour l’Europe.

236 ans après la Révolution Française, nos libertés restent menacées et nos démocraties fragilisées. De nouvelles formes d’impérialismes tentent de bouleverser les relations internationales. L’agression russe en Ukraine, la super- puissance commerciale de la Chine, le nouveau nationalisme américain, montrent la volonté de domination de ces pays et

de nous imposer leurs choix. L’omniprésence de la communication numérique dans nos vies de tous les jours, nous donne accès à un fantastique espace de liberté mais nous rend également vulnérables, en ouvrant un champ de diffusion mondiale aux fausses informations les plus irrationnelles et aux complotismes les plus délirants.

A nous européens, de contrer ce nouvel obscurantisme en cultivant notre esprit critique et en faisant faire preuve de discernement pour sauvegarder notre liberté, si chèrement acquise depuis 1789.

Vive la République. Vive la France.

Raphaël Castéra
Passy, le 14 juillet 2025