La cérémonie commémorative du 82e anniversaire de l’attaque du camp de Montfort s’est tenue le dimanche 10 août à La Torchette. Organisée par la mairie, ce moment de souvenir a été l’occasion de remercier :

  • la famille Berguerand, propriétaire des lieux à la Torchette, pour son accueil,
  • les familles des résistants et le public présent,
  • les gendarmes, pompiers, anciens pompiers, association anciens maquis de Montfort, au monde combattant ainsi que le comité des Fêtes.

Elle s’est déroulée selon le programme suivant :

  • dépôts de gerbes,
  • appel aux morts,
  • discours (retrouvez celui de monsieur le Maire ci-dessous)
  • vin d’honneur.

De nombreux officiels étaient présents ainsi que les pompiers, porte-drapeaux ou encore anciens combattants.

Le discours de monsieur le Maire de Passy, Raphaël Castera :

M. le Vice-président du Département,

Mesdames, Messieurs les élus, M. maire honoraire,

M. le Colonel Gaëtan Dubois de EMHM,

M. l’Adjudant-chef Hervy de la COB Sallanches – Passy,

M. le Commandant du Centre de Secours de Passy, Ltn Grandfond,

M. le Délégué Départemental de l’ANACR, M. Thierry Lauron et M. Jean-Paul Rigoli, représentant de l’ANACR Mont-Blanc,

M. le Représentant de l’association des Anciens de Montfort, M. Mabboux,

MM. les représentants de l’Amicale du 27ème BCA venus en uniforme,

Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant,

Mesdames, Messieurs les familles des Résistants,

Mesdames et Messieurs,

Dire non à la domination. Dire non à l’asservissement. Choisir la Liberté. 82 années se sont écoulées depuis l’attaque du Maquis de Montfort et plus que jamais, dans ce contexte géopolitique bouleversé, nous poursuivons notre devoir de mémoire. Un devoir de mémoire qui honore ces Résistants engagés pour la liberté jusqu’au sacrifice ultime pour quatre d’entre eux :  Roger Lorato, Jean Collet, Roger Wütrich et Edmond Touzé.

En ce 10 août 1943, le monde est en guerre. En Europe, les courants nationalistes des années trente ont conduit à la prise de pouvoir de Benito Mussolini en Italie et d’Adolf Hitler en Allemagne. Le Pacte d’Acier signé en mai 1939 entre les deux régimes totalitaires, scelle l’union de leurs forces militaires. Ainsi ce sont d’abord les « alpinis » italiens qui occupent le Pays du Mont-Blanc. Ces derniers attaquent le camp de Montfort en représailles aux différentes opérations menées par les Résistants en Haute-Savoie.

Partout en France et dans notre département, ces femmes et ces hommes, enfants du pays ou issus d’autres contrées, ont choisi de se rassembler, unis autour d’un même but : refuser la soumission au régime raciste et xénophobe de Vichy et du Maréchal Pétain, collaborateur de l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, si Giorgia Meloni, la Présidente d’extrême-droite du Conseil italien, revendique ouvertement l’héritage fasciste de Mussolini, chacun peut constater que les tendances nationalistes et xénophobes se propagent dangereusement en Europe et dans le monde.

En France, en dépit des efforts de dédiabolisation de sa présidente et de ses élus, le Rassemblement National prône une soi-disant « préférence nationale » totalement contraire aux principes de notre constitution. Une Cinquième République dont les pères fondateurs en 1958, le Général De Gaulle et Michel Debré mais aussi une grande partie de la classe politique de l’époque, avaient connu la guerre, la Résistance, l’emprisonnement, la torture, la déportation, et l’horreur absolue de l’holocauste. Eux, connaissaient la valeur ultime de la vie et du sens à donner à la France.

Les porte-paroles des extrémismes d’aujourd’hui, qu’il soit de droite ou de gauche, sont-ils dignes de ceux qui ont tout sacrifié comme ici à Montfort ? Sont-ils dignes de ces femmes et de ces hommes qui ont surmonté leur origine sociale, leur appartenance politique ou leur confession, unis pour la liberté ? Sont-ils dignes de

  • Roger Lorato
  • Jean Collet
  • Roger Wütrich
  • Edmond Touzé
  • Jacques Vidalin
  • André Gauthier
  • Joseph Lacache
  • Raphaël Lopez
  • André Pouradier
  • Bernard Poncet
  • Jean Morier
  • Jean Dépoisier
  • Jules Lombard
  • Paul Blanchin
  • Gaston Méline
  • Robert Chabaud
  • Armel Pellissier
  • Paul Brasier
  • Marcel Bruyère
  • Fernand Duffoug-Favre
  • Max Hottgindre
  • Charles Giacone
  • Lino Dalzotto
  • Eugène Boehm
  • Paul Paturel
  • Robert Kaderabek
  • Emile Perrolaz
  • Paul Mabboux
  • Roger Laurent
  • Paul Bouvet
  • Georges Parcevaux
  • Robert Allègre
  • Jacques Archer
  • Roger Aubert
  • Roland Bigouret
  • Pierre Bonnere
  • Jean Brouillet
  • Claude Carbier
  • Roger Cibert
  • Maurice Cottin
  • Jean Dolbeau-Chabot
  • Henri Denin
  • Roger Gabioux
  • Hector Henninot
  • Jean Issarny
  • Marcel Laverrière
  • Jules Lombard
  • Adrien Mabilon
  • Gilles Martin
  • Maurice Monnin
  • Edouard Pain
  • Julien Potier
  • Abel Ricler
  • Charles Thomas
  • Jean Trouiller
  • Henri Treffort
  • Louis Vialatoux
  • Jacques Vergnerie
  • M. Agnasis
  • M. Mande

« Plus jamais ça ». Cette phrase peinte à la main sur des panneaux par des détenus du camp de concentration de Buchenwald, enjoint l’Europe et ses Alliés à ne plus répéter les erreurs du passé qui ont conduit à la Shoah. Après l’horreur de la guerre, le temps est au rapprochement des peuples. D’abord avec l’appel visionnaire de Robert Schuman en 1950, ministre français des Affaires Etrangères, pour la mise en commun des productions de charbon et d’acier de la France et de l’Allemagne, dans une organisation ouverte aux autres pays d’Europe. L’objectif est d’assurer une paix durable grâce à la solidarité de production de ces secteurs stratégiques.

Puis, en 1951, la France, la République Fédérale d’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, l’Italie et les Pays Bas, décident de créer la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. C’est la première étape vers la construction européenne que nous connaissons aujourd’hui.  

62 ans après la signature du Traité de l’Elysée entre le président français Charles De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, la volonté politique a prouvé que la réconciliation entre nos deux peuples était possible. L’amitié franco-allemande fait aujourd’hui battre le cœur de l’Europe où chaque habitant peut s’engager, pour mieux se connaître pour mieux se comprendre. Ainsi, parmi les 2317 communes de France jumelées avec une ville allemande, Passy vient de fêter à Pfullingen, les 40 ans de notre partenariat.

Gageons que l’élection du chancelier allemand Friedrich Merz permette d’ouvrir une nouvelle ère entre nos deux pays.  A la différence de ses prédécesseurs, il partage la même vision que le président français de la nécessité vitale de créer une défense commune et de renforcer nos capacités militaires. Une indépendance stratégique d’autant plus déterminante depuis l’agression russe en Ukraine en 2022 et la trahison de l’administration de Donald Trump vis-à-vis des pays de l’OTAN.

Plus de 8 décennies se sont écoulées et le même poison demeure. En la mémoire des résistants de Montfort et de toutes celles et tous ceux qui ont lutté pour notre liberté, nous avons le devoir de combattre. Combattre l’intolérance, combattre le repli sur soi, combattre les fausses informations, combattre les idées simplistes. Nous sommes les héritiers du maquis de Montfort. Soyons dignes de cette jeunesse sacrifiée et de ses valeurs. Des valeurs que nous devons porter dans notre cœur.

Vive la République

Vive la France.

Passy, le 10 août 2025

Raphaël Castéra

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